Quitter son job pour partir en tour du monde : le rêve.
Avant le rêve, il y a la réalité qui nous oblige à nous acquitter de certaines tâches. Parmi elles : quitter son emploi qui n’est pas toujours une mince affaire. Si tu souhaites tout quitter pour voyager, il n’y a malheureusement pas de formule magique. La patience et le compromis seront tes meilleurs atouts pour négocier ce virage parfois serré.
Dans cet article, je t’explique tout ce qu’il faut savoir pour quitter son emploi pour partir en tour du monde. Je te parlerai de deux expériences bien distinctes pour t’aider dans cette étape de la préparation de ton voyage.
Quitter son emploi de salarié pour faire le tour du monde
En tant que salarié(e) en CDI, plusieurs options s’offrent à toi si tu souhaites quitter ton job pour partir en tour du monde :
- Le congé sans solde.
- La rupture conventionnelle.
- L’abandon de poste.
- La démission.
1. Le congé sans solde
Si tu souhaites partir en tour du monde sans pour autant quitter ton emploi, tu fais partie de la majorité.
Tu peux alors demander un congé sans solde à ton employeur. C’est-à-dire que tu ne seras pas payé durant ton absence. C’est un bon compromis dans le sens où tu as l’assurance de retrouver ton emploi à la fin du congé en plus de ne pas être un poids financier pour ton entreprise. L’employeur a le droit de refuser ta demande de congés s’il juge que cela nuirait à l’entreprise.
Si tu disposes d’une convention collective, n’hésite pas à t’y référer car les modalités y sont normalement stipulées.
Pour augmenter tes chances, demande un congé sans solde à une période qui convient à la vie de ton entreprise. C’est important s’il y a par exemple une haute et une basse saison.
Congé sans solde ou congé sabbatique ?
Le congé sans solde est différent du congé sabbatique. Pour demander un congé sabbatique à ton employeur, il faut répondre à une série de critères qui sont définis par la loi. Tu les trouveras sur cette page du site du gouvernement.
2. La rupture conventionnelle
Si tu souhaites définitivement quitter ton job pour partir en tour du monde, tu peux demander à ton employeur une rupture conventionnelle de ton contrat. L’avantage étant que cela donne droit aux allocations chômage.
Voici la procédure à suivre en cas de rupture conventionnelle d’un contrat CDI :
- Demande oralement à ton employeur s’il est d’accord pour rompre le contrat par voie de rupture conventionnelle.
- S’il dit « non », c’est son droit et c’est pas de bol pour toi. S’il dit « oui », tu passes à l’étape 3.
- S’il dit « oui », formule ta demande par lettre recommandée avec accusé de réception.
- L’employeur te convoque à un entretien pour définir le contrat de rupture, la date de sortie, l’indemnité de rupture…
- Suite à cet entretien, il faut respecter un délai de 2 semaines durant lequel chacun peut se rétracter sans se justifier.
- Passé ce délai, il faut envoyer le contrat de rupture à la DREETS qui dispose de 2 semaines pour valider ou refuser.
- Sans nouvelles de la DREETS, le dossier est accepté et il ne reste plus qu’à signer le solde de tout compte.
- En cas de refus, la DREETS doit justifier la raison et il faut tout recommencer depuis l’étape 3.
Dans le meilleur des cas, la rupture conventionnelle d’un contrat dure donc 1 mois.
Chômage et tour du monde
La rupture conventionnelle donne le droit de s’inscrire à Pôle Emploi et d’avoir le chômage. Et savais-tu qu’il est possible de geler ses droits pendant maximum 3 ans ? Assez longtemps pour faire un joli tour du monde ! Pour cela, il suffit d’informer Pôle Emploi de ton absence : tes allocations sont alors gelées jusqu’à ton retour.
3. L’abandon de poste
Cette partie s’adresse à ceux qui n’ont pas froid aux yeux.
Dans le cas où tu n’aurais pas pu rompre ton contrat, tu peux considérer l’abandon de poste. Le principe est simple : tu arrêtes de te rendre au travail du jour au lendemain.
Là aussi, il y a quelques étapes à respecter :
- L’employeur dispose d’une semaine pour te contacter et s’assurer que tu n’es pas mort, par exemple.
- Il dispose alors d’un délai maximum de 2 mois pour te licencier pour « faute grave » sans te verser d’indemnité.
- S’il t’a licencié(e), tu peux alors t’inscrire à Pôle Emploi.
- S’il ne t’a pas licencié(e), il te faudra tôt ou tard retourner dans l’entreprise pour reprendre le boulot ou te faire virer.
Mais attention : si ton employeur ne te licencie pas et laisse s’écouler ce délai de 2 mois, il ne peut plus te licencier ! La loi estime en effet que si ton absence portait préjudice à l’entreprise, il l’aurait fait sans tarder. Dans ce cas, le seul moyen de mettre fin à ton contrat, c’est de retourner au travail pour te faire licencier ou bien pour démissionner (avec le délai de préavis qu’il faudra évidemment respecter).
En revanche, tu pourras partir en tour du monde et t’en occuper à retour. Mais il faut avouer que c’est une situation un peu pourrie…
Faute grave et faute lourde
La « faute grave » dédouanera ton employeur de toute responsabilité et lui évitera de te verser la moindre indemnité. L’intérêt pour toi, c’est que tu pourras t’inscrire à Pôle Emploi et bénéficier du chômage. Attention : la « faute grave » diffère de la « faute lourde » qui ne donne pas droit au chômage.
4. La démission
Si tu n’as obtenu ni congé sans solde, ni rupture conventionnelle et que tu ne souhaites pas abandonner ton poste, il ne te reste plus qu’à démissionner. Sur ce sujet-là, il n’y a pas grand chose à dire si ce n’est qu’il te faudra mettre d’autant plus d’argent de côté en prévision des dépenses qui t’attendront après ton voyage, le temps de retrouver un emploi.
Les difficultés que j’ai rencontrées
Annoncer un tel projet à sa direction ou à ses collègues n’est jamais simple.
Lorsque j’ai annoncé à mon boss que je souhaitais voyager quelques mois, je ne souhaitais pas « tout plaquer ». J’ai d’abord demandé un congé sans solde afin de réintégrer l’entreprise à mon retour. Malheureusement pour moi, tout ne s’est pas passé comme prévu.
Aux yeux de mon employeur, il n’était pas question de m’accorder une rupture conventionnelle avec une indemnité pour que je voyage aux frais de l’entreprise et de Pôle Emploi. Pour info, mon indemnité s’élevait à 1000€ et j’étais prêt à la reverser en main propre à mon boss. En ce qui concerne Pôle Emploi, j’avais déjà prévu de geler mes allocations pour toute la durée de mon voyage. Mais après avoir parlé de mon projet, mes relations avec la direction se sont sérieusement dégradées et le dialogue est devenu compliqué.
Après une négociation difficile, j’ai finalement eu la chance d’obtenir une rupture conventionnelle. Je suis parti l’esprit tranquille mais j’ai bel et bien du quitter mon job pour partir en tour du monde.
Partir en tour du monde quand on est indépendant
Quand on est freelance ou indépendant en libéral, ça se passe différemment.
Pour commencer, le fait d’être son propre patron aide beaucoup. À priori, tu n’auras pas besoin de quitter ton job pour faire le tour du monde et parler de ton projet à ton chef ne devrait pas être un problème. 😉
Mais être indépendant a aussi ses inconvénients. Tu travailles, tu gagnes de l’argent. Tu ne travailles pas, tu ne gagnes rien. Et contrairement aux salariés, tu n’as à priori pas droit aux allocations chômage pour te venir en aide.
À moins d’être digital nomade et de travailler en voyageant, il te faudra donc gérer la partie financière de ton activité pendant ton tour du monde et informer tes clients de ton absence. C’était le cas pour ma copine de l’époque (kinésithérapeute) qui a du gérer sa clientèle et préparer ses finances avant de pouvoir partir avec moi autour du monde.
Préparer les finances
Selon ton activité, tu vas avoir des charges à couvrir en tant qu’indépendant :
- URSSAF.
- Caisse de retraite.
- Assurances.
- Abonnements.
- Loyers.
Une partie de ces frais est fixe, le reste dépend de ton chiffre d’affaires. À moins de ne pas travailler l’année précédent ton tour du monde (impossible, il faut gagner du fric pour le voyage), il te faudra mettre encore plus d’argent de côté pour couvrir ces charges pendant ton absence.
Comme cette bonne vieille fourmi de La Fontaine, il te faudra donc économiser deux fois plus.
Gérer les clients
Quand on part plusieurs mois en voyage, les gens peuvent s’attendre à ce que tu trouves quelqu’un pour te remplacer. Pas toujours évident selon le service que tu proposes…
Si tu trouves quelqu’un, il faudra en plus te rendre disponible pour lui expliquer comment tu travailles, les attentes de tel ou tel client, le fonctionnement d’un logiciel… Si un problème survient pendant ton voyage, c’est également toi qui risque d’en faire les frais. Enfin, selon ta profession, ton remplaçant pourrait aussi te chiper des clients (volontairement ou non).
Ce n’est donc pas une mince affaire. Si tu as des contrats récurrents, il te faudra les mettre en pause pendant ton voyage en ayant conscience des difficultés qui pourraient t’attendre à ton retour. Tes clients devront être compréhensifs.
Pour résumer
Quelle que soit ta profession, quitter son emploi pour partir en tour du monde n’est jamais une chose facile. Il faut prendre en compte beaucoup d’éléments différents pour bien négocier ce virage. Faire un tour du monde, c’est une expérience qu’on ne vit qu’une fois et ce serait dommage de la voir gâchée par toutes ces questions.
La préparation de ton tour du monde dépendra aussi d’autres facteurs : crédit(s), enfant(s)… qui peuvent ralentir ton projet. L’important, c’est de prendre le temps de trouver des solutions à chaque obstacle. Il faut mettre à profit cette période de préparation pour peaufiner le parcours de ton tour du monde et définir ton budget.
Alors, arme-toi de patience car toutes ces questions auront une influence directe sur ton voyage mais n’oublie jamais que ça vaut toutes les peines du monde.
Si tu as la moindre question sur ce sujet, n’hésite pas à me laisser un commentaire. Je serais ravi de te venir en aide.